lundi 2 octobre 2017

Expo « Elle était une fois. Acte I : la Collection Sainte-Anne, les origines »


Corbaz, Aloïse
Coupole fédérale, vers 1940, avant 1950
Crayon de couleur et craie grasse partiellement aquarellés et mine de plomb sur papier 72 x 49,8 cm Inv. 0110

A l’occasion des 150 ans de l’hôpital Sainte-Anne, l’établissement historique expose les œuvres de nombreux anonymes de la vie asilaire. Une audace artistique certaine et la variété de styles caractérisent ces créations.


Puisant dans l’importante collection Sainte-Anne, cette expo permet de découvrir des œuvres de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. A la fois, elles témoignent de la vie quotidienne des malades dans les hôpitaux psychiatriques et expriment à travers leurs productions spontanées un univers personnel, souvent influencé par le monde extérieur et les divers courants picturaux de leur époque.

Anonyme
Autolocomoteur aérien à grande vitesse pour migrer un mois. Début du XXe siècle
Crayon noir, crayon de couleur et encre sur papier 48,5 x 74,6 cm Inv. 0628

Des paysages de campagne d’un certain G. Martin, marqués par des dominantes de vert et de rouge, aux énigmatiques aquarelles de style naïf d’Auguste Millet (- vers 1905- ?), ex-employé d’une soierie interné à l’asile du Vinatier alors qu’il était âgé d’une vingtaine d’années, l’expo nous fait traverser toutes sortes de styles. Par exemple, cette artiste connue seulement par son monogramme H.A.R fut l’auteure d’une remarquable série de fusains à valeur documentaire qui rappelle un peu Daumier. Quant à Charles-Octave Leg, autre patient anonyme, il aurait été influencé par les surréalistes.

H.A.R.
Sans titre 3 février 1905
Fusain et sanguine sur papier 20,2 x 40,5 cm Inv. 0033

Monteur sur bronze, il fut hospitalisé à partir de 1930 à Sainte-Anne jusqu’à sa mort. Dans ses œuvres, il mêle lumière et obscurité, monstre et créature humaine. Selon Delay, il aurait été influencé par les surréalistes venus peindre en 1946 l ‘une des nouvelles fresques de la salle de garde de l’hôpital. Au fil de l’expo, l’on pourra découvrir d’autres artistes talentueux comme René Héroult - marqué par une quête de la construction graphique -, Marcel de Valoy, Louis-Emile Gros-Brun ou encore Hilairet, dont l’on pourra voir un unique dessin, mettant en scène un psychiatre et « le fou ». 

Millet, Auguste
Médor subodore de la Salangane, 1928
Encre et aquarelle sur papier 26,6 x 20,8 cm Inv. 008

On remarquera aussi l’étonnante oeuvre d’un ancien malade de Villejuif, dessinant d’énigmatiques ballons dirigeables répertoriés comme « dessin d’invention ». Dans son ouvrage Volmat note à propos de cet artiste anonyme : « Paranoïaque, inventeur, il dessinait ses plans et inventions […] » Egalement, on signalera les saisissants portraits d'aliénés de René-Ernest Brédier ainsi que les 24 dessins de folles du célèbre docteur Paul Gachet. Ce dernier les réalisa en 1858 lorsqu’il était simple étudiant en médecine à la Salpêtrière. A travers ces simples croquis, le futur ami et protecteur de Vincent Van Gogh (autre interné mais lui, devenu célèbre !) y révèle déjà sa passion  pour la médecine et l’art.

Expo « Elle était une fois. Acte I : la Collection Sainte-Anne, les origines » (jusqu’au 26 novembre)
Musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne (MAHHSA)
Centre hospitalier Sainte-Anne
1, rue Cabanis
Paris 14e
horaires : du mercredi au dimanche, de 14 h à 19 h
Entrée libre

prochaine expo : « Elle était une fois. Acte II : la Collection Sainte-Anne, autour de 1950 », du 30 novembre 2017 au 28 février 2018.

A lire : Entre art des fous et art brut, la collection Sainte-Anne, Anne-Marie Dubois (direction), éditions Somogy, 160 pages, 2017

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